La justice a ouvert une enquête après le signalement du gouvernement sur le groupe privé Orpea, gestionnaire d’Ehpad soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics, a indiqué jeudi le parquet de Nanterre à l’AFP.
L’enquête porte également sur une bonne « partie des plaintes » déposées par l’avocate au barreau de Paris Sarah Saldmann, début avril 2022, le reste des plaintes étant encore « à l’étude ». Me Saldmann avait annoncé avoir déposé entre 70 et 80 plaintes auprès du parquet pour « mise en danger en danger d’autrui », « homicide involontaire », « non-assistance à personne en danger », « violences par négligences » et « vol ».
Le 26 mars, le gouvernement avait annoncé qu’il saisissait la justice sur la base des conclusions de ce rapport et qu’il comptait exiger d’Orpea le remboursement de dotations publiques présumées détournées de leurs fins.
Le groupe Orpea, dont le siège se situe à Puteaux (Hauts-de-Seine) est sous le feu des critiques depuis la parution fin janvier du livre-enquête de Victor Castanet, « Les Fossoyeurs ». Il y décrit un système, au sein du groupe privé, où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort, note Victor Castanet.
D’après l’enquête administrative, le « pilotage » des établissements du groupe Orpea, souvent sur-occupés, « donne la priorité à la performance financière » plutôt qu’à des critères de qualité. Ces rapports des inspecteurs de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF), finalement rendus publics par le gouvernement, relèvent notamment une insuffisance des « grammages » des repas servis aux personnes âgées. Sur le plan comptable, « les documents financiers obligatoires transmis aux tutelles par les Ehpad sont insincères » et ne respectent pas la réglementation, selon les rapports. Contacté par l’AFP, Orpea n’a pas réagi pour l’heure.